Calais-Bayonne, un Contournement Ouest… de Paris ?

Calais-Bayonne, un Contournement Ouest… de Paris ?
25 juin 2014 Michel

Paris va accueillir en 2015 la 21ème conférence des nations unies sur le climat. Le dernier rapport du GIEC souligne l’urgence de l’action, comme l’a dit le Ministre des Affaires étrangères, M. Laurent Fabius le 31 mars dernier : « le 2ème volume du rapport du GIEC confirme les risques graves qui pèsent sur l’humanité si rien n’est entrepris. »
Dans la perspective de cette conférence des nations unies, la France doit se montrer exemplaire et donner des signes clairs de sa volonté de réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
Dans cette perspective, la question des transports est cruciale. L’Etat et les collectivités doivent inscrire cette transition de nos modes de transport dans leur politiques publiques et dans leurs budgets, qui on le sait sont très contraints et en baisse.
Sans tenir compte de ces enjeux du 21ème siècle, la demande des chambres de commerce et d’industrie ne bouge pas ‘un iota : le transport par camion serait le plus efficace, et il conviendrait aujourd’hui de parfaire notre schéma de déplacements routiers, en complétant la liaison Calais-Bayonne et le grand contournement de Paris par l’Ouest : cette liaison A28-A13 appelant tout naturellement l’A154 qui bouclera ce contournement de Paris par ‘Ouest. (-> CARTE)
La représentante de la CCI de l’Eure l’a clairement énoncé à Evreux le 3 juin dernier.
Voilà l’enjeu économique de cette liaison A28-A13.
Ces réunions de concertation n’ont donc plus le même objet que le débat public de 2005, avec l’ajout non plus
optionnel mais intrinsèque du barreau eurois dans le projet dit de « contournement de Rouen » : avec le barreau eurois, ce contournement a aujourd’hui pour vocation de compléter la liaison Calais-Bayonne et le grand contournement de Paris par l’Ouest.
D’ailleurs en 2005, aucune étude environnementale n’a été menée sur cette portion euroise de la liaison.
La Communauté d’agglomération Seine-Eure-Bord a déjà sa pénétrante pour aller à Rouen : c’est l’A13.
Le projet de zone logistique d’Alizay et de désenclavement de la vallée de l’Andelle sont des prétextes à cette grande liaison qui ne sera en fin de compte qu’un couloir à camions, pour relier le Nord et le Sud de l’Europe en contournant Paris par l’ouest.
On le sait, la logistique est un secteur pauvre en emplois (-> nbre à l’hectare).
Quant au désenclavement autoroutier, que permet-il en réalité ? Comme le long de l’A(28), l’autoroute transforme les villes et villages qui la longent en cités dortoirs où l’on prend sa voiture pour aller travailler… à Rouen ou à Paris !
Avec un péage à 10cts le km en prime, est-ce cela qu’on propose comme modèle de développement et de transition à nos concitoyens ? Car ce sont les administrés qui paieront, et ils paieront 3 fois ce cadeau aux entreprises de transports et aux sociétés de péage : dans leurs impôts (qui financeront 50% du milliard que coûtera l’autoroute) ; au péage ; et enfin par la destruction de leur environnement et la pollution.
L’OMS a reconnu le caractère cancérigène des particules diesel, qui font aujoud’hui plus de morts que les accidents de la route !
Au moment où il faut travailler à relocaliser nos productions et l’emploi, en diminuant les transports de marchandises, au moment où il est impératif de préserver les espaces de vie, les espaces naturels et agricoles qui sont indispensables à notre nourriture, à notre bien-être, à la qualité de l’air que nous respirons, de l’eau que nous buvons, que nous propose-t-on ?
De sacrifier les populations des communes périurbaines et rurales, d’imperméabiliser(hectares)supplémentaires de terre,
de sacrifier le potentiel touristique du 2ème site de l’Eure, la base de loisirs des 3 lacs, ainsi que les côteaux crayeux de la boucle euroise de la Seine, dont la fameuse côte des 2 Amants, et notre seule forêt locale, la forêt de Bord, déjà balafrée par 2 tracés routiers.
M. Leroy, le Président de la communauté d’agglomération Seine Eure Bord, dans cette triple identité territoriale qui lui donne son nom, M. Leroy a d’ailleurs employé ce mot lui-même : la liaison A28-A13 serait une balafre sur notre territoire, sacrifié au stockage et au transport logistique par camions entre deux métropoles.
Et bien sûr, les pollueurs ne seront pas les payeurs, le triple coût sera subi par les habitants (dans leurs impôts, au péage, dans leur santé et leur environnement).
L’Etat, représenté par la DREAL en la personne de M. Berg, et les collectivités élues n’ont pas à faire payer à leurs administrés ce triple coût : pour faire un cadeau gratuit aux chambres d’Industries et de commerces, aux sociétés logistiques et aux sociétés de péage !